Dr. Bruno Kreisky

Bruno Kreisky naît comme fils légitime dans la famille juive de Max Kreisky et Irene, née Felix. Max Kreisky est directeur général de l'Österreichische Wollindustrie AG et Textil AG, censeur de la Banque nationale d'Autriche et membre de l'Association centrale des employés de commerce. Irene Felix est issue d'une famille de producteurs de denrées alimentaires, la marque Felix existe encore aujourd'hui.

Après l'école primaire, Bruno Kreisky fréquente le lycée de la Radetzkystrasse et adhère à l'association des élèves du secondaire socialiste. En 1927, il passe à la Jeunesse ouvrière socialiste (JOS). En 1930, il devient président de l'organisation régionale pour les communes périphériques de Purkersdorf, Klosterneuburg et Tulln, et en 1933, il dirige les activités éducatives et culturelles de la JOS.

En 1929, Bruno Kreisky s'inscrit en droit à l'université de Vienne, ce qu'il fait sur proposition du président du parti Parti ouvrier social-démocrate (SDAP) [aujourd'hui : SPÖ], Otto Bauer. En 1931, il démissionne de la Communauté cultuelle israélienne (IKG) et se définit désormais comme agnostique.

Bruno Kreisky participe au soulèvement socialiste de février 1934 en distribuant du matériel de propagande. Le 18 février 1934, il participe à une réunion d'anciens fonctionnaires de la SAJ à Wienerwald où est fondée la Jeunesse socialiste révolutionnaire sous la direction de Roman Felleis et Kreisky. Kreisky participe à plusieurs reprises à des réunions du parti désormais illégal en Tchécoslovaquie

En raison de ses activités illégales, Bruno Kreisky est arrêté le 30 janvier 1935 au domicile de ses parents et condamné le 16 mars 1936 à un an de prison pour haute trahison. Il est libéré le 3 juin 1936, en tenant compte de sa détention préventive, mais il est relégué de tous les établissements d'enseignement supérieur.

Après le rejet de sa demande d'annulation de la relégation par le ministère de l'Éducation le 28 décembre 1936, Bruno Kreisky décide de quitter Vienne pour une durée indéterminée. Jadersdorf dans la vallée de Gitsch en Haute-Carinthie lui sert d'"exil", où il travaille quelques mois, par l'intermédiaire de son père, comme ouvrier auxiliaire dans un atelier de tissage.

Bruno Kreisky s'envole quelques jours plus tard pour le Danemark, sans être en possession d'un visa, où il manque d'être renvoyé en Autriche par la police à l'aéroport de Copenhague-Kastrup&nbsp. Grâce à un visa de transit organisé au dernier moment par des amis, il peut tout de même entrer au Danemark et organiser sa fuite à partir de là.&nbspIl fait d'abord une demande d'émigration pour la Bolivie, mais reçoit ensuite une invitation pour la Suède de la part du président des jeunes socialistes suédois, Torsten Nilsson.

Bruno Kreisky émigre en Suède, où il s'installe à Stockholm. Il trouve un emploi de conseiller économique au secrétariat de la coopérative de consommation de Stockholm Parallèlement, il écrit des articles pour des journaux suédois et étrangers. En juillet 1939, il participe au congrès de l'Internationale de la jeunesse socialiste à Lille, où il se prononce avec véhémence contre une fusion avec les organisations de jeunesse communistes. Pendant la guerre d'hiver soviéto-finlandaise, il travaille comme reporter de guerre. En février 1940, ses parents arrivent de Vienne en Suède.

En mai 1946, il retourne à Vienne, entre au service du ministère des Affaires étrangères et est renvoyé en Suède pour y mettre en place la légation autrichienne. À partir de 1947, il est secrétaire de légation sous l'ambassadeur Paul Winterstein. À partir de 1951, il est conseiller en politique étrangère du président fédéral Theodor Körner. En 1953, il devient secrétaire d'État sous les ministres des Affaires étrangères Karl Gruber et Leopold Figl. Il participe aux négociations du traité d'État autrichien. De 1959 à 1966, il est ministre des Affaires étrangères.

Enfin, entre 1970 et 1983, Bruno Kreisky est chancelier de la République d'Autriche. Entre 1970 et 1971, il dirige un gouvernement minoritaire soutenu par le président du parti FPÖ Friedrich Peter, qui était avant 1945 SS-Obersturmführer au régiment d'infanterie 10 de la 1ère brigade d'infanterie SS. Ses gouvernements jusqu'en 1983 comptent également de nombreux ministres ayant un ancien passé nazi, comme par exemple le membre de la SA et de la SS Untersturmführer Johann Öllinger, le membre illégal du NSDAP et membre de la Burschenschafter Oskar Weihs ou les membres du NSDAP Günther Haiden, Otto Rösch, Josef Moser et Erwin Frühbauer. Il n'y a pas de période de la politique autrichienne où autant d'anciens nazis ont été actifs en politique.

En 1983, le SPÖ perd la majorité absolue au Conseil national et conclut une coalition avec le FPÖ. Bruno Kreisky se retire politiquement et reçoit la présidence d'honneur du parti. Après s'être éloigné du SPÖ et avoir connu des querelles internes, il démissionne de la présidence d'honneur. Peu avant sa mort, Kreisky qualifie l'évolution de la social-démocratie autrichienne de 'plus grande déception de sa vie'. Il décède à l'âge de 79 ans et trouve sa dernière demeure au cimetière central de Vienne.