Univ.-Doz. Dr. Karl Gruber

Dans sa jeunesse, Karl Gruber suit le parcours classique des sociaux-démocrates, des "Faucons rouges" aux "Jeunesses ouvrières socialistes" (SAJ), puis au parti. En tant qu'étudiant salarié, il obtient un diplôme en électrotechnique au Bundeslehranstalt für Hochbau und Elektrotechnik d'Innsbruck. Il y entre ensuite au service de la direction des postes et télégraphes. Parallèlement, il se consacre à des études de droit et de sciences politiques à Innsbruck, qu'il poursuit et achève en 1935 à Vienne.

En 1934, il se convertit au catholicisme, quitte les sociaux-démocrates et rejoint le Front patriotique. Ce passage du camp social-démocrate au camp chrétien-social-patriotique, il le fait "par conviction politique et contraint par des circonstances spécifiques de l'époque". Il se marie avec Helga Ahlgrimm. En 1935, il rejoint l'association étudiante Austria Wien. Après avoir obtenu son doctorat en droit en 1936, il travaille comme membre des syndicats chrétiens dans les services postaux et télégraphiques à Vienne. Parallèlement, il travaille encore comme assistant scientifique auprès de l'économiste national de la Grande Allemagne Hans Mayer (1879-1955).

L'invasion de l'Autriche par l'armée allemande en 1938 empêche son habilitation et la poursuite de sa carrière scientifique. En raison de ses activités au sein du syndicat chrétien, il est renvoyé du service postal. Il part alors à Berlin en tant qu'ingénieur électricien, d'abord chez AEG, puis chez Telefunken. Comme il travaille dans des entreprises importantes pour l'économie de guerre - en dernier lieu comme spécialiste en haute fréquence pour le développement du radar - il est placé u. k. ("indisponible"). Durant cette période, il entre en contact avec d'autres opposants au national-socialisme, notamment avec le groupe de Carl Gördeler (1884-1945). Il y dirige un groupe d'environ 80 personnes, appelé Front antifasciste (AGFA), en étroite coopération avec le Kreisauer Kreis et le Groupe de résistance O5 autrichien. Il parvient à entrer en contact avec des représentants de la radio anglaise, ce qui lui permet de rendre les émissions autrichiennes de la BBC moins perturbatrices, en collaboration avec le service de brouillage (directeur Carl Hirnschrott). Il entretient en outre des contacts avec l'ambassade américaine à Berlin jusqu'en 1941. À partir de l'automne 1944, il peut entrer en contact avec les services secrets américains OSS (Office of Strategie Services). Le chef du centre de défense américain à Zurich Allan Dulles nomme Karl Gruber, sous le nom de code "Dr. Brandt", chef des opérations des groupes de résistance à Innsbruck.

Dans le cadre de la décentralisation des usines d'armement, Karl Gruber parvient à "prendre le large". Il parvient alors au Tyrol en passant par Rudelstadt et Straubing. Les Russes s'étant déjà emparés de Baden, il se rend à Innsbruck le 12 avril 1945 et prend la direction des groupes de résistance tyroliens réunis. Le 18 avril, le groupe Post, qui avait quitté la Thuringe de son propre chef, arrive à Innsbruck. Le lendemain, Carl Hirnschrott arrive à Innsbruck et rencontre Karl Gruber au sanatorium des Kreuzschwestern.

Le groupe Reichspost réussit à conserver intactes les installations de télécommunications et à mettre en place un service d'écoute. Le 3 mai 1945, Karl Gruber donne l'ordre d'occuper toutes les installations stratégiques de la ville par des résistants, ce qui réussit après quelques difficultés pour désarmer les forces nazies encore isolées. Il peut alors annoncer à 14h45 que les nazis ont été chassés du pouvoir sans effusion de sang et que les installations techniques ont été prises en charge sans dommage. À 22 heures, l'officier américain des télécommunications arrive. Ainsi, la guerre est terminée pour Innsbruck.

Après la libération de l'Autriche, Karl Gruber est nommé gouverneur du Tyrol par le gouvernement militaire américain jusqu'au 20 octobre 1945. Il adhère à la Camaraderie ÖVP des persécutés politiques et des confesseurs pour l'Autriche. Sous le chancelier Leopold Figl, il est ministre autrichien des Affaires étrangères jusqu'en 1953. Il a largement préparé le texte du traité d'État de 1955. Il fait donc partie des figures marquantes de l'après-guerre. Il entre ensuite dans le service diplomatique et devient notamment ambassadeur aux États-Unis. Il est en outre président à long terme de l'Institut latino-américain de Vienne.