Dr. Otto von Habsburg-Lothringen

Otto de Habsbourg-Lorraine naît comme fils aîné du dernier empereur d'Autriche, Charles Ier. Après la chute et le démantèlement de la monarchie, il est contraint à l'exil avec ses parents. Son père y meurt en 1922, loin de sa patrie. Otto n'est pas non plus autorisé à entrer en Autriche dans l'entre-deux-guerres, mais il continue à s'engager pour sa patrie et combat le national-socialisme dès le début et partout où il le peut.

Après l'invasion de l'Autriche par l'Allemagne hitlérienne, sous le nom de code de planification "Fall Otto" de la part de l'armée allemande, Otto publie des articles dans un certain nombre de journaux internationaux, dont le "New York Times", dans lesquels il proteste contre l'occupation violente de l'Autriche. Dans l'Autriche désormais annexée, les nazis lancent une vague d'arrestations et de poursuites contre les monarchistes. Otto lui-même fait l'objet d'une lettre de cachet et est condamné par contumace le 22 avril 1938 comme traître à la patrie.

Otto se rend ensuite à Paris pour organiser de là la résistance contre l'Allemagne nazie et rassembler des Autrichiens exilés. Début 1940, il se rend aux États-Unis, où il rencontre à deux reprises le président Franklin D. Roosevelt ainsi que d'autres hommes politiques et peut également s'exprimer devant le Congrès américain, où il souligne que l'Autriche n'est pas un pays ennemi, mais un pays occupé par la force. Début mai 1940, il rentre en Belgique. Mais dès le 10 mai, la famille impériale doit quitter précipitamment le pays en raison du début de la campagne de France ou de l'attaque allemande. Elle se rend d'abord dans le sud de la France, où elle reste jusqu'à la capitulation de la France le 10 juin. Ensuite, elle se réfugie en Espagne.

De là, Otto se rend encore en juin 1940 aux États-Unis, où il obtient des visas pour le reste de la famille, qui le rejoint ensuite dans le courant du mois de juillet ou d'août. Otto vit ensuite à New York ou à Washington, tandis que l'impératrice Zita déménage avec les plus jeunes enfants au Québec, au Canada. Otto tente en vain, avec le soutien de Roosevelt, de créer une sorte de gouvernement autrichien en exil, mais cela échoue en raison de la résistance des sociaux-démocrates exilés, entre autres Julius Deutsch. Lors de la conférence de Québec en août 1943, Otto peut rencontrer le Premier ministre britannique Winston Churchill afin de promouvoir la cause d'une Autriche libre et indépendante.

Début 1945, certains frères d'Otto se trouvent déjà en Europe. Après la libération du Tyrol début mai, lui et ses frères sont chaleureusement accueillis à Innsbruck et peuvent rester dans un premier temps dans la zone française (Tyrol du Nord, Vorarlberg). Les tentatives de créer un parti monarchiste sont interdites par le haut-commissaire soviétique, tout comme les efforts pour organiser un référendum qui aurait permis de décider de la forme de l'État. Début 1946, Otto et ses frères sont expulsés du pays par le nouveau gouvernement fédéral dirigé par le chancelier Leopold Figl, après que les lois habsbourgeoises d'avril 1919 ont été remises en vigueur. Le ministre des Affaires étrangères de l'époque, Karl Gruber, se rend au Tyrol pour inciter Otto à quitter sa patrie.

Après que le rétablissement de la monarchie après 1945 soit pratiquement sans espoir, Otto se consacre à la promotion de l'idée européenne et s'engage dans l'Union paneuropéenne, dont il est membre depuis 1936. Il en est le président de 1973 à 2004, puis le président d'honneur jusqu'à sa mort. Après avoir vécu en France puis en Espagne après la guerre, il établit sa résidence permanente à Pöcking, au bord du lac de Starnberg en Bavière, en 1954. Par la suite, il entre en contact avec la CSU et obtient la nationalité allemande en 1978.

Le ministre-président de Bavière et président de la CSU, Franz Josef Strauß, lui obtient en 1979 une place assurée sur la liste pour les premières élections directes au Parlement européen, dont il sera membre de mai 1979 à mai 1999. Il y est le porte-parole du groupe PPE pour la politique étrangère et, après les élections de 1989 et 1994, le doyen d'âge lors de la constitution du Parlement.