Hofrat Mag. Leopold Guggenberger

Lorsque nous avons appris le 11 mars au matin qu'une grande manifestation nazie devait avoir lieu en fin d'après-midi dans le centre-ville de Salzbourg, j'ai alerté une centaine d'élèves de l'enseignement secondaire âgés de 15 ans et plus, avec lesquels nous avons traversé le pont Staatsbrücke à 17 heures environ pour nous rendre en formation serrée à travers la foule des manifestants jusqu'au café Tomaselli. Comme les manifestants nous soupçonnaient d'être la HJ illégale - nous portions tous des chaussettes blanches - ils nous ont laissé le passage à l'arrivée. Ce n'est qu'en entendant nos chants 'rouge-blanc-rouge jusqu'à la mort' et 'Autriche' qu'ils nous ont reconnus comme contre-manifestants. Cette action était si surprenante que nous avons pu marcher jusqu'au café 'Tomaselli' presque sans être inquiétés, comme je l'ai déjà dit. De là, j'ai marché avec les jeunes sur la Residenzplatz, qui était relativement peu éclairée pour l'époque et totalement libre. Après avoir pris place, nous avons été rapidement encerclés par des manifestants nazis en colère qui nous avaient suivis et qui nous ont attaqués verbalement en criant des insultes et des slogans nazis. Avant l'encerclement, j'avais donné le mot d'ordre de se frayer un chemin à travers la foule sur un signe de ma part et de se regrouper derrière et entre la fontaine de la résidence et la place de la cathédrale. C'est ce qui s'est passé, et lorsque j'ai rassemblé tous mes garçons, un inspecteur de district de la garde de sécurité du nom de Georg Fürst est arrivé et m'a conseillé, en tant que responsable, de ne pas mettre les jeunes gens en danger, car des bagarres considérables avaient déjà éclaté entre les nazis dans la pénombre. Je me suis alors rendu sur la sombre place de la cathédrale avec la centaine de jeunes, parmi lesquels se trouvait également Karl Glaser, futur député au Conseil national. Là, je leur ai expliqué que l'indépendance de l'Autriche touchait manifestement à sa fin et je les ai appelés à rester fidèles à leur patrie jusqu'à la renaissance de l'Autriche. J'ai ensuite renvoyé les jeunes gens chez eux. La nuit suivante, à deux heures du matin, j'ai été arrêté avec Fritz Zacke par des hommes de la SA au 12 Paracelsusgasse et détenu une journée dans la maison d'arrêt de la police.