Aloisia (Louise) Drey (geb. Kraus)

Aloisia Kraus, dite 'Louise' naît à Jitschin en Bohème [aujourd'hui : Jičín en République tchèque [fille légitime du commerçant juif Jacob Kraus et d'Ernestine, née Kantor. La famille juive, composée de onze membres, gère un empire commercial en Bohême. L'un de ses frères est l'écrivain et publiciste Karl Kraus, qui deviendra célèbre par la suite. Rien n'a été conservé de son parcours éducatif. Lorsque Louise Kraus a 14 ans, la famille s'installe à Vienne pour développer l'empire commercial.

En janvier 1893, Louise Kraus épouse Julius Drey, un médecin généraliste juif, et s'installe à partir de 1899 dans un appartement commun au 13 de la Wipplingerstraße, dans le premier arrondissement de Vienne. Le mariage n'a pas d'enfants. Outre son emploi à l'hôpital général, Julius Drey dirige une clinique d'obstétrique.

Le 12 mars 1938, Louise et Julius Drey assistent à la chute de l'Autriche libre et indépendante avec l'invasion de la Wehrmacht allemande. L'occupation de l'Autriche entraîne l'adoption de la législation allemande et donc des 'Lois raciales de Nuremberg', en vertu desquelles Louise et Julius Drey sont considérés comme 'ple juif complet'.

Julius Drey tombe sous le coup de l'interdiction d'exercer la médecine pour les médecins juifs, raison pour laquelle il est contraint de fermer son cabinet médical le 17 juillet 1938. En 1939, Julius Drey décède et Louise Drey doit déménager dans un appartement collectif au 4 Czerninplatz, dans le 2e arrondissement de Vienne, chez sa sœur Emma Fridezko.

Le 22 juillet 1942, Louise Drey est déportée avec sa sœur au camp de concentration de Theresienstadt. En raison du grand nombre de nouveaux convois arrivant du Protectorat, d'Allemagne et d'Autriche, celui-ci atteint ses limites de capacité à l'été 1942 et le taux de mortalité culmine en septembre de la même année. La plupart de ces nouveaux arrivants sont, comme Louise Drey - alors âgée de près de quatre-vingts ans - des personnes âgées. En raison de leur espérance de vie réduite, elles sont moins bien loties que les jeunes dans le système de triage de l'administration autonome juive. Cela se traduit par exemple par les logements qui leur sont attribués dans les combles, avec des conditions d'hygiène déplorables, des rations alimentaires encore plus insuffisantes ou des soins médicaux. C'est dans ces conditions que Louise Drey meurt le 10 octobre 1942 au camp de concentration de Theresienstadt.