Dr. Friedrich (Fritz) Löhner-Beda (geb. Bedřich Löwy)

Friedrich Löhner, dit Fritz, naît sous le nom de Bedřich Löwy le 24 juin 1883 à Wildenschwert, en Bohême. En 1888, la famille Löwy s'installe à Vienne et change de nom en 1896 pour devenir "Löhner". Après avoir fréquenté l'école primaire et le lycée Kundmanngeasse, dans le 3e arrondissement de Vienne, Fritz Löhner s'inscrit en droit à l'université de Vienne. A cette époque, il rejoint l'association d'étudiants Kadimah Wien. Il obtient son doctorat en 1908 et travaille brièvement comme avocat stagiaire.

Passionné de football, il devient en 1909 membre fondateur et premier président de l'association sportive Hakoah. Il occupera cette fonction jusqu'en 1919, après quoi il sera membre honoraire.

En 1910, il devient écrivain indépendant. Il se passionne pour la "poésie légère". Il écrit de nombreuses satires, des sketches, des poèmes et des textes de chansons populaires ainsi que de nombreux articles pour des journaux comme le Wiener Sonn- und Montags-Zeitung. Il publie le plus souvent sous le pseudonyme de "Beda", abréviation de "Bedřich", la forme tchèque de "Friedrich". C'est à cette époque qu'il prend le nom de scène de Löhrer-Beda. En 1913, il rencontre Franz Lehár. En 1916, il écrit pour Franz Lehár le livret d'opérette 'Der Sterngucker'. En 1918, à l'âge de 34 ans, Fritz Löhrer-Beda est mobilisé pour la Première Guerre mondiale. Il atteint certes le grade d'officier, mais reste toute sa vie antimilitariste après ses expériences de guerre. La même année, il se marie avec Anna Akselradi et a par la suite un fils avec elle. Le mariage est cependant divorcé dès 1925.

Dans les années 1920, Fritz Löhrer-Beda devient l'un des librettistes et paroliers de chansons populaires les plus demandés de Vienne. Par l'intermédiaire de son amie de l'époque, Friedl Weiss, il aide Hans Moser à percer en tant qu'acteur à Vienne en 1922, en écrivant pour lui, à sa demande, l'acte solo Je suis le concierge de la maison des sept. En collaboration avec Fred Raymond et Ernst Neubach, il crée la chanson Ich hab' mein Herz in Heidelberg, qui continuera à faire le tour du monde avec les anciens soldats américains après la Seconde Guerre mondiale. C'est à cette époque qu'il devient membre d'honneur de l'association sioniste de l'école secondaire Giskala Wien.

En 1925, il épouse Hélène Jellinek et a par la suite avec elle deux filles, Liselotte et Evamaria.

A partir de 1927, il travaille également pour le "Cabaret politique juif" d'Oscar Teller.

En collaboration avec Ludwig Herzer comme coauteur, Franz Lehár comme compositeur et Richard Tauber comme chanteur, il crée les opérettes Friederike (1928), Le pays du sourire (1929), Le monde est beau (1930) et, avec Paul Knepler comme coauteur, Giuditta. Avec son ami Alfred Grünwald comme coauteur et Paul Abraham comme compositeur, il crée Viktoria und ihr Husar (1930), La fleur d'Hawaï (1931), Ball im Savoy (1932) et Märchen im Grand Hotel (1934).

En 1934, Fritz Löhrer-Beda devient vice-président de la Société autrichienne des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique. La même année, il se retrouve dans le collimateur du 'dramaturge du Reich' national-socialiste allemand Rainer Schlössler et du ministre de la propagande du Reich national-socialiste allemand Joseph Goebbels.

Le 12 mars 1938, Fritz Löhrer-Beda assiste à la chute de l'Autriche libre et indépendante avec l'invasion de la Wehrmacht allemande. Le 13 mars 1938, le 14 mars 1938 selon d'autres sources, il est arrêté et déporté dans le transport de personnalités, le 2 avril 1938 au camp de concentration de Dachau. De là, il est déporté le 23 septembre 1938 au camp de concentration de Buchenwald, où il écrit fin 1938 avec le compositeur Hermann Leopoldi le Buchenwaldlied (paroles : Fritz Löhrer-Beda ; mélodie : Hermann Leopoldi).

Le 17 octobre 1942, Fritz Löhrer-Beda est transporté au camp de concentration d'Auschwitz. Pendant la période où il travaille comme travailleur forcé dans l'usine Buna de l'IG Farben AG, il écrit la Chanson de Buna. Le 4 décembre 1942, il est tué à l'usine après qu'un groupe de directeurs d'I.G. Farben chargés de l'inspection - il s'agit de Walter Dürrfeld, Otto Ambros, Fritz Ter Meer, Carl Krauch et Heinrich Bütefisch - aient critiqué le travail de cet homme de 59 ans, malade.

Son épouse Hélène et ses deux filles Liselotte (14 ans) et Evamaria (13 ans) sont déportées le 31 août 1942 à Minsk et assassinées le 5 septembre 1942 dans des wagons à gaz au camp d'extermination de Maly Trostinez.