Karl Gustav Christian

Karl Gustav Christian naît à Vienne, fils illégitime d'Augustine Christian, une servante. Après cinq ans d'école primaire et trois ans d'école civile, il suit un apprentissage de peintre en panneaux.

Il ne travaille cependant pas dans le métier qu'il a appris, mais entre en 1931 au service de l'armée fédérale autrichienne. Au début, il est manifestement séduit par la montée du national-socialisme, d'autant plus qu'il adhère au NSDAP en 1932, mais quitte le parti un an plus tard, en 1933. En 1935, il passe de l'armée fédérale à la police criminelle de Vienne et rejoint le Front patriotique en 1936.

Peu avant l'occupation de l'Autriche par l'armée allemande, Karl Christian épouse Anna Lehner et devient père. Le 12 mars 1938, Karl Christian doit assister à la chute de l'Autriche libre et indépendante. Il est ensuite engagé dans la police criminelle allemande. Il réapparaît brièvement comme candidat au NSDAP, mais refuse de payer ses cotisations et se voit refuser l'adhésion pour manque d'intérêt. Il n'est pas possible de savoir si cette demande d'adhésion est due à des pressions professionnelles ou familiales.

Lors de l'occupation de la République tchèque par l'armée allemande en mars 1939, Karl Christian est affecté au 'Protectorat de Bohême et de Moravie'. Il y fait la connaissance de membres de la résistance tchèque. À partir de 1940, il leur fournit des informations, ainsi qu'à des amis juifs qui ont dû fuir Vienne pour Paris ou Londres après 1938. En outre, il écoute les stations de radio étrangères, appelées 'Feindsender', et diffuse les informations qu'il y entend.

Tandis qu'il travaille dans le 'Protectorat de Bohême et de Moravie', sa femme a une liaison avec un soldat. Ayant connaissance de ses activités et ne voulant pas être coupable de divorce, elle le dénonce anonymement à la Gestapo pour 'soupçon de haute trahison, écoute d'émissions ennemies et diffusion de telles informations, favoritisme envers l'ennemi, honte raciale et menaces dangereuses'.

Le 15 juillet 1941, Karl Christian est arrêté par un commando spécial de la Gestapo à Brno et placé en détention provisoire pendant cinq jours. Il est ensuite remis provisoirement en liberté.

Une autre arrestation sous les mêmes accusations a lieu le 28 novembre 1941 à Vienne. Cette fois-ci, son épouse ne l'avait plus dénoncé anonymement. Il est détenu pendant six mois à la prison de police de Rossauer Lände et à la prison SS et de police de Vienne VII. Ensuite, les enquêtes contre Karl Christian sont abandonnées faute de preuves. Le 26 mai 1942, il est libéré et le 7 janvier 1943, les poursuites contre lui sont définitivement abandonnées. Sa femme quitte alors le domicile conjugal, laissant derrière elle leur enfant, qui sera plus tard placé en famille d'accueil. Il retourne ensuite travailler dans la police.

Après avoir assisté à Vienne à la libération de l'Autriche en avril et mai 1945, Karl Christian demande immédiatement le divorce et adhère à la Camaraderie ÖVP des persécutés et confesseurs politiques pour l'Autriche. Il est intégré à la nouvelle police autrichienne et prend sa retraite en tant que fonctionnaire. Il décède à Vienne à l'âge de 89 ans et trouve sa dernière demeure au cimetière central de Vienne.