Schwester M. Theodora (Flora Stefanie) Sperling SCB

Flora Stefanie Sperling naît à Haan (aujourd'hui Háj), près de Dux, en Bohême du Nord, d'un père recouvreur (personne chargée de l'élimination des cadavres d'animaux) et d'une fille d'agriculteur. Elle fréquente l'école primaire à Haan et Kötzschenbroda, puis l'école publique à Ossegg. Dès l'âge de 15 ans, en 1910, elle entre à la Congrégation des Sœurs de la Charité de Saint Charles Borromée (Borromaeerinnen) à la maison mère de Prague et reçoit le nom religieux de M. Theodora. Celles-ci l'envoient à l'école normale impériale et royale allemande de Prague pour qu'elle apprenne le métier d'enseignante. Elle termine sa formation en 1914 et commence à travailler comme enseignante à l'école primaire de Warnsdorf. Peu avant la fin de la Première Guerre mondiale, le 25 août 1918, Sr M. Theodora fait finalement sa profession perpétuelle.

Après le démantèlement de l'Autriche-Hongrie, Sr M. Theodora fait partie de la minorité allemande de la République tchécoslovaque. En 1929, elle passe le certificat d'aptitude à l'enseignement pour les écoles bourgeoises et devient institutrice à l'école bourgeoise de Haid [aujourd'hui Bor près de Karlovy Vary], où elle est promue directrice en 1932.

Dans le cadre de la conférence de Munich de 1938, la 'Sudetenland' est attribuée à l'Allemagne hitlérienne, à la suite de quoi l'Allemagne l'annexe en octobre 1938. Sr M. Theodora est immédiatement remplacée par le nouveau pouvoir en place en tant que directrice. Dès le 20 février 1939, le droit de publicité est retiré aux écoles catholiques et les sœurs borroméennes sont contraintes de remettre l'école communale de Haid à la municipalité. Le 13 septembre 1939, Sr M. Theodora se voit confier la direction de l'orphelinat de Tachau.

Le 4 février 1941, elle devient secrétaire provinciale à Georgswalde (aujourd'hui Jirikov) et doit, dans cette fonction, assister dès mars 1941 à l'arrestation par la Gestapo de deux de ses consœurs (Sr M. Leontia et la supérieure Sr M. Febronia) dans l'établissement de l'Ordre à Ronsperg pour avoir écouté un émetteur ennemi. Les deux sœurs sont par la suite déportées au camp de concentration de Ravensbrück. Sr M. Theodora fait tout son possible pour faire libérer ses consœurs, ce qu'elle finit par faire avec succès.

Lorsque la supérieure provinciale décède début 1943, Sr M. Theodora se voit elle-même confier cette fonction. Le 28 mai 1943, alors qu'elle se trouve justement en visite, les SS fouillent son bureau et confisquent quelques lettres. La supérieure provinciale présente est convoquée par télégramme à la police de Georgswalde, où elle est arrêtée. Le 5 juin 1943, elle est transférée à la prison de la police de Warnsdorf et, après quelques étapes intermédiaires, déportée le 13 juin 1943 au camp de concentration de Ravensbrück. Elle y est détenue en isolement jusqu'au 12 janvier 1944. Ensuite, elle est d'abord placée dans le bloc 13 et dans le bloc 1, dans lequel se trouve également la résistante socialiste Rosa Jochmann. Au camp de concentration de Ravensbrück, elle contracte la dysenterie, ce qui la fait souffrir tout le reste de sa vie d'insuffisance cardiaque, d'hydropisie et d'une maladie nerveuse. Le 25 juillet 1944, elle est finalement libérée du camp de concentration de Ravenbrück et retourne à Georgswalde. En guise de punition, elle doit verser 1.000,- RM de sûreté.

La Gestapo ne donne aucune raison pour l'arrestation de Sr M. Theodora, mais on peut supposer qu'elle s'est elle-même rendue suspecte en s'efforçant de faire sortir de prison ses deux consoeurs emprisonnées. En outre, le contenu des lettres saisies par les SS n'est pas connu.