Hofrat Generalmajor Matthias Johann Gruber

Matthias Johann Gruber est né le 24 juin 1886 à Vienne, fils légitime de Matthias Gruber, maître boucher à Ottakringer du même nom, et d'Anna Carolina Steger.

Au cours de la Première Guerre mondiale, il sert en dernier lieu comme capitaine dans le régiment d'artillerie de campagne n° 133 et est notamment décoré de l'ordre de la Couronne de fer de 3e classe avec décoration de guerre. En 1917, il se marie avec Helene Entenfellner. Dès le 4 février 1919, Matthias Gruber rejoint la garde du dépôt de l'Office d'État austro-allemand pour l'armée en tant que capitaine d'état-major. En 1920, il est engagé dans l'armée fédérale autrichienne où il est également affecté à différentes unités d'artillerie. Il s'engage dans l'organisation 'Wehrbund - syndicat apolitique des membres de l'armée de terre d'Autriche'

Cette organisation a été créée au début de la Première République pour faire pendant à l'association sociale-démocrate Wehrverband, afin de repousser la forte influence sociale-démocrate dans l'armée fédérale autrichienne. Avec la devise "La politique ne vaut pas grand-chose, laissons-la aux autres ! Être soldat ! c'est ce qui nous honore, rester fort et ne pas agir!", on se veut apolitique, ce qui changera surtout dans les années 1930. En 1935, le nom devient 'Vereinigung christlicher Angehöriger der bewaffneten Macht Österreich (Wehrbund)' ou 'Kameradschaft der Angehörigen der bewaffneten Macht'. Dans l'esprit du Front patriotique, l'objet de l'association est défini comme suit : "L'association a pour mission : d'approfondir le sentiment patriotique autrichien, de promouvoir ses membres sur le plan économique, intellectuel et moral". La Wehrbund devient un corps spécialisé dans la profession des fonctionnaires publics au sein de la fédération des fonctionnaires, Matthias Gruber le 'chef de la camaraderie' et un représentant important des intérêts du gouvernement de l'État corporatif au sein de l'armée fédérale.

Promu lieutenant-colonel en 1934, il est nommé en 1936 commandant de la 1ère section du régiment d'artillerie légère n° 2.

En tant que soldat et patriote autrichien, il assiste à la chute de l'Autriche libre et indépendante lorsque la Wehrmacht allemande envahit l'Autriche le 12 mars 1938. En raison de sa fonction politique, Matthias Gruber est démis de ses fonctions de chef de la Wehrbund par mise à la retraite forcée le 15 mars 1938.

Le 15 juin 1938, Matthias Gruber est arrêté pour la première fois par la Gestapo tôt le matin après une perquisition à son domicile. Pour "contestation continue du régime nazi", il doit être interné pour un an au camp de concentration de Dachau. Pendant son interrogatoire, un fonctionnaire de la Gestapo, qui avait servi avec Matthias Gruber dans l'artillerie à Kaiserebersdorf, se présente. Celui-ci doit témoigner contre lui et confirme que Matthias Gruber n'a jamais été un national-socialiste mais "l'officier le plus social dans sa pensée et dans son action" de l'armée fédérale. Matthias Gruber est ensuite licencié après un avertissement du chef de la Gestapo.

Après la tentative d'attentat contre Adolf Hitler le 8 novembre 1939 à Munich, Matthias Gruber et sa femme Hilde sont arrêtés dès le lendemain après une perquisition de leur domicile pour trahison et haute trahison et conduits au siège de la Gestapo à l'hôtel Metropol dans le 1er arrondissement de Vienne. Transférée fin novembre à la prison de la police de Vienne IX Rossauerlände, aucune preuve ne peut être apportée malgré des contre-interrogatoires répétés. L'accusation est abandonnée et la détention prend fin le 23 décembre 1939. Matthias Gruber rejoint alors le Mouvement autrichien pour la liberté - Groupe de résistance Dr. Lederer et trouve du travail comme agent d'assurance.

Le 12 septembre 1940, Matthias Gruber est arrêté par la Gestapo sur son lieu de travail, emmené à son domicile et, après une perquisition, interné à la Gestapo à l'hôtel Metropol.

A Duisburg-Hamborn, Matthias Gruber est infecté par la dysenterie, comme beaucoup de ses codétenus, et 28 d'entre eux succombent à l'épidémie, principalement par manque de médicaments et par malnutrition. Avec des séquelles de la dysenterie, une lithiase biliaire et de graves lésions du muscle cardiaque, il doit se présenter deux fois par semaine au commissariat de Vienne et est en outre surveillé par un officier de police judiciaire du commissariat XVIII Klostergasse. Le 23 novembre 1944, le procès pour préparation à la haute trahison a lieu au Palais de justice de Vienne et Matthias Gruber est condamné à deux ans de prison - considérés comme purgés en raison de sa longue détention.

À Vienne, il assiste à la libération et à la renaissance de l'Autriche. Peu après, il est réhabilité et affecté à la chancellerie d'État, département B de l'armée (qui deviendra plus tard l'Office de l'armée), rattaché au bureau juridique le 23 juin 1945 et chargé de l'application des dispositions spéciales pour les membres de la Wehrmacht de la loi constitutionnelle du 8 mai 1945 sur l'interdiction du NSDAP (loi d'interdiction) - c'est-à-dire des mesures de dénazification des anciens militaires et de réparation. Le 13 novembre 1945, il est nommé chef provisoire de l'office de l'armée de Basse-Autriche. Le 4 décembre 1945, il est nommé major général avec effet au 27 avril 1945. Après la dissolution de l'Office de l'armée sur ordre du Conseil allié et sa division début janvier 1946, il trouve un emploi au ministère fédéral de l'Agriculture et des Forêts, où il sert comme conseiller de cour jusqu'à sa retraite en 1951.

Quatre ans plus tard, le 14 novembre 1955, il décède des suites d'une longue et grave maladie.

En conclusion, il convient de mentionner que la petite-fille du major-général Matthias Gruber, Vikto- ria Gruber, a épousé en 1993 le petit-fils du résistant et exécuté en 1944 Jakob Kastelic, Alexander Kastelic.