Dr. Karl Kummer

Karl Kummer étudie d'abord deux semestres de chimie à la faculté de philosophie de l'université de Vienne après avoir obtenu son baccalauréat au lycée humaniste de Vienne-Hietzing en 1923, puis il se réoriente vers des études de droit et de sciences politiques à Vienne. En 1923, il rejoint l'association d'étudiants Aargau. Il s'y intéresse particulièrement à la politique sociale et aux sciences sociales selon les principes de la doctrine sociale catholique. Après avoir obtenu son doctorat en droit, il effectue quatre ans de pratique judiciaire, puis est brièvement employé à l'Office national des invalides, jusqu'à ce qu'il devienne en 1934 directeur du département juridique de la Chambre du travail de Vienne, puis secrétaire en chef de cette dernière. Impressionné par l'action de l'"apôtre des grandes villes" Carl Sonnenschein (1876-1929), il a organisé dès ses années d'études des actions d'aide aux étudiants et aux ouvriers dans le besoin, afin de favoriser le rapprochement entre la jeunesse étudiante et la jeunesse laborieuse. Il s'occupe entre autres des sans-abri et des conseils juridiques au sein de l'association des compagnons, il collabore également à l'Akademikerhilfe.

Dans la nuit du 11 au 12 mars 1938, Karl Kummer est arrêté et placé en garde à vue pendant trois semaines. Il peut ensuite continuer à y travailler jusqu'à la dissolution de la chambre du travail le 30.6.1938. Pour des "raisons politiques", il n'obtient ensuite que des possibilités de travail de courte durée, notamment auprès du Reichsnährstand en tant que chargé de mission, puis auprès de l'AEG-Union. Lorsqu'en novembre 1942, il pose sa candidature pour un poste de responsable du personnel dans l'entreprise Wertheimer&amp ;Co, le NSDAP-Gaupersonalamt demande à la direction du district une évaluation politique. Il y est attesté que Karl Kummer est "sympathisant du mouvement nazi", qu'il est d'un "caractère irréprochable" et qu'on ne connaît "rien de négatif sur son comportement politique actuel". L'office du personnel du Gau ne sait cependant pas à ce moment-là que Karl Kummer a rejoint en 1942 le groupe de résistance autour de Lois Weinberger et qu'il est en relation avec le groupe de Heinrich Maier, Franz Josef Messner et Walter Caldonazzi.

Ces différentes évaluations "politiques", positives à l'époque pour Karl Kummer, lui permettent ensuite d'être employé par la société Wertheimer&amp ;Co jusqu'à la fin de la guerre. Lui-même déclare après la guerre, lors de la vérification de son éventuelle appartenance au parti conformément au § 4 de la loi d'interdiction de 1947, n'avoir "jamais fait de demande d'adhésion au NSDAP ou à l'une de ses branches". A l'occasion de la demande de délivrance d'une carte de victime en raison de la détention subie, la municipalité de Vienne et le département 2 du BMI procèdent en 1951 à une nouvelle vérification d'une éventuelle appartenance au parti. Par décision du 24 septembre 1952, les autorités constatent qu'elles croient Karl Kummer parce que toutes les évaluations le décrivent comme n'appartenant pas au NSDAP et qu'il n'est absolument pas possible de prouver une prétendue appartenance au parti. Même s'il est mentionné dans les "Gauakten" comme "candidat au parti depuis 1938" et non comme membre du parti, la dernière enquête sur les membres de l'ÖVP parvient à la conclusion suivante:

Le Dr. Karl Kummer fait partie des personnes dont la biographie a été examinée de plus près et qui, selon le catalogue de critères, ne sont pas membres du NSDAP.

Après la guerre, Karl Kummer participe avec Lois Weinberger à la fondation de l'Österreichischer Arbeiter- und Angestelltenbund [ÖAAB] et devient son premier secrétaire général. Le 29 juin 1953, il fonde entre autres avec August M. Knüll l'"Association pour la politique sociale et économique" et l'"Institut pour la politique sociale et la réforme sociale", appelé aujourd'hui "Institut Dr Karl Kummer" [KKI]. Selon le § 2 des statuts, les deux institutions doivent préparer "une réforme de la société dans le sens des principes de la doctrine sociale catholique" et aider à réaliser les tâches de réforme sociale correspondantes. De 1956 à sa mort en 1967, Karl Kummer est également député au Conseil national. Il décède de manière totalement inattendue le 15 août 1967 lors d'un séminaire des Nations Unies à Varsovie.