Alberich (Karl) Berger OCist

Karl Berger fréquente le lycée Erzherzog-Leopold-Salvator de Vienne et y obtient le baccalauréat de guerre en novembre 1914, puis il est appelé sous les drapeaux de 1914 à 1918. Peu après son retour, il entre au séminaire de Vienne. En janvier 1919, il demande son admission chez les cisterciens de l'abbaye de Lilienfeld, qu'il connaît depuis sa jeunesse. Il y reçoit le nom d'Alberich lors de sa prise d'habit le 7 février 1919. Il fait ses études philosophiques et théologiques à Vienne, Heiligenkreuz et Innsbruck, où il est ordonné prêtre en 1923.

En 1928, alors aumônier à Lilienfeld, il est admis dans l'association d'étudiants Austria Wien. Après diverses missions pastorales, comme par exemple à Wilhelmsburg, Obermeisling et Ravelsbach, et entre-temps comme aumônier à Lilienfeld, le P. Alberieb prend en charge en 1934 la paroisse d'Unterretzbach, appartenant à l'abbaye de Lilienfeld, en tant que vicaire paroissial. Dans la chronique paroissiale locale, il décrit en détail et sans fard les événements politiques. Il écrit par exemple à l'été 1934 : "Nos nazis ont pris plaisir à tacher le mur du presbytère. Ils ont pénétré dans le jardin de devant pendant la nuit, et au petit matin, le presbytère affichait à côté de la porte d'entrée, avec de la peinture noire en fer : "Patience, nous arrivons !" [et une croix gammée en plus].

Son "caractère très volontaire" (selon le livre de la profession) font de lui - contrairement à ses prédécesseurs - un adversaire des nationaux-socialistes dès le départ. Après l'Anschluss, il note : "Le 11 mars 1938, la nouvelle radio nous a surpris lorsque notre chancelier Schuschnigg, tant aimé, a annoncé sa démission. Ici, à Unterretzbach, Vinzenz Singer a pris la direction provisoire de la commune. Force est de constater qu'en tant que SA, les plus grands escrocs et voleurs condamnés par la justice faisaient leur service avec brassard et fusil en hurlant "Heil Hitler"."

Parce qu'il n'a pas respecté - c'est le reproche qui lui est fait - la "instruction de la Gestapo concernant le jour de l'Ascension", il est placé trois semaines en "détention préventive" au tribunal de grande instance de Znojmo.

La chronique paroissiale est accompagnée d'un tract en forme d'avis de décès qui décrit la situation précaire de l'époque : "C'est avec une douleur inoubliable que nous donnons la triste nouvelle que tout à coup et de manière inattendue, notre chère et bonne mère nourricière, Madame Rosa Brotmarke, née Weizenmehl, est décédée. C'est avec l'estomac qui gargouille que nous nous souviendrons d'elle. Les cendres seront déposées dans le caveau familial, où reposent déjà les parents suivants : saindoux, cigarettes, vin, strudel au pavot, salami, échalotes, crème fouettée et crème. Les personnes ci-dessus sont mortes lors de l'Anschluss et étaient des citoyens autrichiens."

Vers la fin de la guerre, la région d'Unterretzbach devient une zone de passage pour les flux de réfugiés les plus divers qui ont fui les Russes et cherchent ici un abri, par exemple en provenance de Silésie. Le pasteur protestant est arrivé en tenue de SS". Près du monument aux morts, célébration héroïque, dans la salle de l'auberge, culte. Pas de crucifix, mais une grande image d'Hitler". -

La capitulation du 8 mai 1945 met certes fin à la terreur nazie, mais elle est remplacée par la maraude d'unités russes à Unterretzbach. Alberich Berger assiste au pillage de son presbytère. "Cette nuit a été très triste pour beaucoup de femmes et de jeunes filles. Elles ont parfois été violées sous la menace d'une arme. Les vieilles et les jeunes". - poursuit la chronique paroissiale, avant d'ajouter : "Un officier russe aurait affirmé qu'on ne faisait ici en Autriche que cinq pour cent de ce que les soldats allemands, en particulier les SS, avaient fait en Ukraine."

Dans toute cette misère et cette confusion des réfugiés, un conseil communal provisoire à majorité chrétienne-sociale se constitue dès le 15 mai. Comme le pasteur Alberich Berger fait partie des trois sociaux-démocrates de ce conseil communal, il est révoqué et muté.