Camp d'internement de Ferramonti di Tarsia
Après l'entrée en guerre de l'Italie en juin 1940, le régime fasciste a construit le plus grand camp d'internement (campo di concentramento) pour les internés juifs dans une région infestée de paludisme, à 35 km de Cosenza et sur le territoire de la commune de Tarsia. Des baraques ont été construites sur une surface totale de 16 hectares, dans lesquelles 900 détenus en moyenne vivaient chaque jour. En juillet 1940, seuls 100 juifs italiens du nord de l'Italie se trouvaient à Ferramonti di Tarsia. Le nombre d'internés augmenta cependant rapidement pour atteindre son maximum en août 1943 avec 2016 internés, dont 75 % étaient d'origine juive. Les arrivées se faisaient généralement par groupes : par exemple 494 émigrés ayant survécu au naufrage du navire de réfugiés Pentcho (1940) et internés dans un premier temps au camp de concentration de Rhodes (1942), 156 juifs venant de Leibach [aujourd'hui : Ljubljana en Slovénie] et originaires de territoires occupés par l'Allemagne (1941), 194 juifs d'un camp en Albanie (1941), quelques centaines d'internés d'autres camps (1942-1943). Mais des internés non juifs ont également été transférés à Ferramonti : Grecs, Chinois, Yougoslaves et Français de Corse, ainsi que des antifascistes italiens.
La direction du camp était en général relativement bienveillante envers les internés juifs, qui étaient également soutenus par l'organisation d'aide DELASEM (Delegazione per l'Assistenza degli Emigranti Ebrei). Des cantines, une bibliothèque, un dispensaire et trois synagogues ont été créés dans des locaux mis à disposition à cet effet. Les enfants ont reçu un enseignement scolaire. La population locale apporta également son soutien aux occupants du camp.
Les pénuries d'approvisionnement dues à la guerre et le rationnement alimentaire ont été de plus en plus difficiles à supporter pour les détenus ; durant l'hiver 1942/43, ils ont dû souffrir de la faim.
En septembre 1943, Ferramonti di Tarsia fut libéré par la VIIIe armée. L'armée britannique libéra immédiatement un camp pour displaced persons. Le 1er octobre 1943, 1854 personnes, dont les trois quarts devaient être des Juifs, étaient prises en charge dans le camp. En avril 1944, le camp comptait encore 930 personnes et 213 à la fin de la guerre. La fermeture officielle eut lieu le 6 septembre 1945.